Ma première conviction (fortement ancrée) est que chaque individu peut être le premier acteur de sa propre santé. Comme je m’amuse à l’exprimer devant des publics étudiants, nous avons le super pouvoir de prendre soin de nous-même. Cela m’apparait comme un axiome de base d’une force et d’une réalité incroyablement réjouissantes.
Je présume que toute démarche n’est pas moins efficace ni bénéfique si elle est vécue avec de la douceur (vis-à-vis de soi-même). C’est aussi ce que j’observe auprès des personnes qui me font confiance et c’est probablement un facteur déterminant dans ces démarches. Cette douceur, combinée au paramètre du temps (ne pas se précipiter) confine très probablement à développer une aptitude de prise de recul, tout à fait bienvenue dans ce que nous cherchons à cultiver.
Beaucoup de nos croyances (parfois limitantes) sont basées sur nos réalités subjectives. Parfois, c’est uniquement la façon de considérer un élément qui nous enferme et génère un frein ou un blocage. Nous efforcer d’être objectif/ve (ce qui est facilité en présence d’un accompagnant qui nous renvoie du feedback) facilite d’être plus juste (plus « honnête », plus en vérité) avec nous-même ou les situations de vie que nous traversons. C’est la raison pour laquelle nous explorons et apprenons depuis nos expériences concrètes. La seule théorie nous intéresse peu.
A partir de ces postures (que nous pouvons apprendre à jardiner et entretenir), alors un mécanisme devient possible : celui de la prise de conscience, comme une sorte de déclic, comme un déclencheur qui va nous permettre de faire un pas en avant, ou un pas de côté, de voir les choses différemment et ainsi d’entrevoir un changement possible.
Si nous sommes moins soumis à des « combats intérieurs », alors nous pouvons ressentir que nous nous usons moins, que nous dépensons moins d’énergie inutilement, que nous économisons des émotions négatives et qu’un mieux-être est possible.
Par nos explorations, je formule l’hypothèse que nous pouvons accueillir ce qui se présente à nous, et, autant que possible « accepter » (puisque de toute façon, cela s’impose à nous). Pour autant, cette posture de l’acceptation (laquelle, en mode adulte, permet d’évaluer comment et quoi faire avec la situation présente) n’est pas de la résignation (laquelle signifierait plutôt de subir passivement, en étant fataliste et en baisse d’énergie sans capacité d’envisager des scénarios).
J’assume l’hypothèse que ces démarches permettent à chacun/e de mobiliser ses propres ressources pour son mieux-être et sa santé (physique, mentale et émotionnelle). C’est un magnifique chemin vers la plus grande autonomie possible (et il est tout à fait normal de ressentir le besoin d’être écouté, soutenu et accompagné à un moment délicat de sa vie). Cette autonomie et cette mobilisation de ses ressources propres ont ceci de magnifique que l’aboutissement de la démarche sera au seul bénéfice de la personne accompagnée. Si un bénéfice est constaté, c’est le seul résultat de personne ; l’accompagnant n’est que le garant du processus ; le travail est fait par la personne, tout résultat est à son seul crédit.
Mon opinion est que le « travail » consiste (notamment) à quitter nos schémas automatiques, à avoir un rapport différent avec nos peurs (qui sont de précieuses alliées !), à dompter nos réactivités, à ne pas être trop crédules avec nos préjugés, à confronter courageusement nos croyances (quand elles sont fausses) et … à nous faire confiance.
Je crois fermement que porter notre attention à nos pensées, nos émotions et nos sensations physiques permet à un individu de sentir un peu plus « aligné », de se sentir plus « vivant », tant il n’est pas juste de se laisser envahir par ses émotions, ou se laisser obséder par des pensées, ou de se couper de son corps (ce qui évite d’en prendre soin).
Enfin, dans notre époque moderne et notre société occidentale très technophile, mon expérience m’apprend que « être » est un vrai chemin nourrissant, plus que « faire » (injonctions professionnelles ?) et que « avoir » (paraître ?).